an VIII : le coup d'état du 18 brumaire et l'Ain

2.81 Le coup d'état du 18 brumaire

 

Alors que Bonaparte prend le pouvoir à St Cloud, le 18 brumaire an VIII, et met un terme à la révolution politique, la situation du département de l'Ain n'est pas très bonne, elle n'a peut être même jamais été économiquement aussi mal.

Pour les [1] des esprits joue en faveur de la Contre-Révolution. Pour cela ils travaillent à rendre confiance dans le système alors que « les ennemis de la République…prennent tous les moyens qui sont en leurs pouvoirs pour faire entendre que le gouvernement actuel est composé d’individus qui ne cherchent qu’à s’enrichir au détriment du peuple et que les administrateurs en place ne cessent de fatiguer leurs concitoyens dans toutes les circonstances qui peuvent se présenter »[2]. Ainsi, ils prennent soin à ce que les égarements et les difficultés de l’an IV et l’an VI n’existent plus : à savoir faire rentrer les contributions, arrêter les déserteurs et assurer la sécurité. Or « la nouvelle du débarquement de Bonaparte en France »[3] va jouer en faveur des jacobins.

Avant même le coup d’état, l’annonce du retour de Bonaparte d’Egypte ravive la ferveur et l’espoir des républicains du département : « l’arrivée de Bunaparte dans cette République a ranimé les patriotes qui étaient dans l’insoucience » [4]. Rejetant ainsi dans la contre-révolution marquée et l’anti-patriotisme notoire tout « les ennemis de la République qui cherchent à tourner en ridicule son arrivée »[5]. Dans les cantons, « les esprits paraissent relevés de l’affaissement dans lequel ils étaient, l’esprit public s’est ravivé »[6]. Bonaparte incarne dès lors, non plus seulement pour les Républicains, mais pour toute la population un espoir de jours meilleurs [7].

 

Politiquement, le coup d'état du 18 brumaire est très favorablement accueilli par l'administration du département de l'Ain et les fonctionnaires qui se rallient vite au régime consulaire. En effet, les administrateurs adhèrent sans retenue à l'idée de prospérité, tandis que les citoyens accueillent favorablement ce nouveau régime qui répond à leur vœu : l'affermissement du gouvernement et la fin de l'esprit de parti. A Paris, les députés de l'Ain, Gauthier et Vezu, se félicitent du calme qui s'est maintenue à l'annonce du coup d'état dans un département où la politique est désormais enracinée et qu'elle a durement éprouvée jusque dans le sang. Dans les cantons du département, le coup d’état ne semble pas soulever d’opposition visible. Au contraire, « les événements des journées de 18 & 19 brumaire semblent déjà produire dans ce canton d’heureux effets ; les républicains redoublent d’énergie et de courage pour seconder le Gouvernement dans les mesures qu’il prend pour rétablir l’ordre, l’union et la tranquilité »[8] mettant ainsi un terme espéré aux agitations contre-révolutionnaires.

Dès la nouvelle même du coup d’état, par la presse ou par voie de courrier privée, la légende napoléonienne est pausée : dans la lettre lui apprenant la prise de pouvoir, madame d’Ars de Trévoux apprend « que Bonaparte…a failly être assassiné dans le conseil des 500 »[9], le présentant comme un héros et son frère Lucien, « arraché par la force armée du siège de la présidence »[10], comme un magistrat vertueux spolié par « ce conseil si dangereux » [11]. Dès lors pour les habitants de l’Ain, « Bonaparte est maître seul de la destiné de tous les français, attendons les bien qu’il nous promet »[12]. A ces annonces par affiches, ou rapportées dans les correspondances, correspond des faits que les citoyens de l’Ain ne peuvent ni ignorer ni ne pas prendre en compte, à savoir que « les banquiers ont fournis sur le champ 2 millions » [13].

Fort de cette confiance populaire, dont il va avoir besoin, le nouveau pouvoir peut se mettre en place.

 

d'après la thèse de doctorat d'histoire de Jérôme Croyet, "sous le bonnet rouge", obtenue en 2003 à l'Université Lumière Lyon II mention bien et félicitation du président du jury

mis en ligne par l’association SEHRI

 



[1] Lettre du commissaire du pouvoir exécutif du canton de Chavannes Neyron au département de l’Ain. Chavannes, 8 brumaire an VIII. A.D. Ain 12L.

[2] Lettre du commissaire du pouvoir exécutif du canton de Ceyzériat Olivier au département de l’Ain. Jasseron, 26 vendémiaire an VIII. A.D. Ain 12L.

[3] Lettre du commissaire du pouvoir exécutif du canton de Chavannes Neyron au département de l’Ain. Chavannes, 8 brumaire an VIII. A.D. Ain 12L.

[4] Lettre du commissaire du pouvoir exécutif du canton de Ceyzériat Olivier au département de l’Ain. Jasseron, 26 vendémiaire an VIII. A.D. Ain 12L.

[5] Lettre du commissaire du pouvoir exécutif du canton de Ceyzériat Olivier au département de l’Ain. Jasseron, 26 vendémiaire an VIII. A.D. Ain 12L.

[6] Lettre du commissaire du pouvoir exécutif du canton de Chavannes Neyron au département de l’Ain. Chavannes, 8 brumaire an VIII. A.D. Ain 12L.

[7] « Tous les yeux sont tournés sur lui, chacun respire pour la paix et chacun l’attend avec impatience ». Lettre du commissaire du pouvoir exécutif du canton de Chavannes Neyron au département de l’Ain. Chavannes, 8 brumaire an VIII. A.D. Ain 12L.

[8] Lettre du commissaire du pouvoir exécutif Caire au département de l’Ain, Châtillon-de-Michaille, 18 frimaire an VIII. A.D. Ain 12L.

[9] Lettre de Michon à mme d’Ars, Paris, 19 brumaire an VIII. Coll. Part.

[10] Lettre de Michon à mme d’Ars, Paris, brumaire an VIII. Coll. Part.

[11] Lettre de Michon à mme d’Ars, Paris, brumaire an VIII. Coll. Part.

[12] Lettre de Michon à mme d’Ars, Paris, brumaire an VIII. Coll. Part.

[13] Lettre de Michon à mme d’Ars, Paris, brumaire an VIII. Coll. Part.

Écrire commentaire

Commentaires: 0