an IV : Le Directoire dans l'Ain, les municipalités de canton

LE DIRECTOIRE :

L'AGE D'OR DE LA CONTRE REVOLUTION

& DE LA RESURGENCE JACOBINE

 

La constitution de l’an III, qui instaure le régime Directorial (4 brumaire an IV-19 brumaire an VIII), modifie profondément le découpage administratif des départements.

 

 

Les municipalités de canton

 

L’administration du département retrouve des prérogatives plus vastes que sous la Terreur. Les municipalités et les districts sont supprimés et réunis en une seule entité géo-administrative : l’administration municipale du canton. Dans chaque commune de moins de 5 000 habitants, l’administration municipale est supprimée et remplacée par un agent et son adjoint, élus. Les villes de plus de 5 000 habitants, comme Bourg, on une administration propre composée d’un nombre d’élus proportionnel à la population. Le chef lieu des municipalités de moins de 5 000 habitants se trouve au chef lieu du canton, là où l’on trouve la justice de paix, et est composé de la réunion des agents municipaux de chaque commune, d’un secrétaire et d’un commissaire du pouvoir exécutif nommé par le ministre de l’Intérieur.

Aux problèmes militaires se joignent des pénuries alimentaires graves. La récolte en l'an 7 est de 3 à 4 dixième inférieur à la moyenne1 ; l'hiver a été long et rigoureux, des périodes de gels et de dégels suivies de pluies avaient gâté sur place les seigles et les méteils. La démonétisation, mais aussi la baisse des prix qu'avaient entraînés les bonnes récoltes depuis 1795 entraînent, en cette mauvaise année, une inflation du prix des denrées. Le 28 Nivôse an 8, l'administration centrale du département de l'Ain doit envoyée deux détachements, de 50 et 30 chasseurs à cheval, dans les cantons de Trévoux et Thoissey afin d'effectuer des réquisitions des grains.

 

Si l’historiographie de la Révolution n’identifie la Révolution dans l’Ain qu’à la Terreur et les excès révolutionnaires de l’an II, elle a tendance à oublier les nombreux excès et la grande délinquance qui se développe sous la Convention thermidorienne et le Directoire. En effet, les lois draconiennes de l’an II font tomber le taux de la criminalité de droit commun. Si la répression légale qui s’abat sur les ennemis de l’intérieur et de l’extérieur, durant cette période, permet de vaincre la coalition européenne aux frontières mais aussi les troupes royalistes et contre-révolutionnaires de l’ouest et du midi, elle effraye les brigands et les voleurs. Durant les dix mois que dure le Gouvernement Révolutionnaire, le Tribunal Criminel de l’Ain ne juge que dix neuf affaires de vols, trois affaires de coups et blessures et seulement cinq cas d’assassinat. Avec la chute de Robespierre et du grand Comité de Salut Public, la Constitution de l’an III est proclamée et avec elle s’installe le Directoire. Avec le règne des incroyables et des merveilleuses, les Français se dévergondent. Mais simultanément, le régime instable mis en place et les différents coups de force du pouvoir contre les royalistes et les jacobins, ouvrent la voie à une insécurité grandissante et violente. Durant les soixante-deux mois que dure le Directoire, le Tribunal Criminel de l’Ain juge cent quatre-vingt-douze affaires de vols, quatorze affaires de coups et blessures et, plus gravement, quatre-vingt-une affaires d’assassinat ; soit deux fois plus que sous la Convention.

 

 

d'après la thèse de doctorat d'histoire de Jérôme Croyet, "sous le bonnet rouge", obtenue en 2003 à l'Université Lumière Lyon II mention bien et félicitation du président du jury

 

 

 

1 Dans certains cantons, elle de moitié à un quart inférieur à celle bonne des années précédentes.

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