germinal an II : les conséquences de la mort d'Hébert dans l'Ain

2.58 Les failles deviennent des crevasses

 

Avec la mort d'Hébert, entraînant l'arrestation de Vauquoy et le départ de Lajolais, les sans-culottes se retrouvent seuls, d'autant plus que les rancœurs qui les divisent peuvent laisser présager un retournement de la situation politique en faveur des modérés d’autant plus que le département est informé presque quotidiennement des événements parisiens. Brun, présent à Paris, informe la société populaire de St Rambert, le 30 germinal, des avancées de l’interrogatoire de Chaumette mais aussi du rapport de St Just sur la police générale de la République. Brun se fait le porte parole des nouveaux mots d’ordre de la Révolution : “Billaud Varennes prononça hier un discours aux Jacobins...l’Assemblée entière se leva...en répétant les mots Vertu...Probité...République...Liberté ”1. Face à cette situation, cherchant un appui sûr, les sans-culottes demandent à Albitte son retour à Bourg.

Alors que Brun informe St Rambert des derniers événements parisiens, la dissension entre les sans-culottes atteint son paroxysme le 30 germinal, lors de la fête décadaire. Convers "à qui il durait apparemment de semer le trouble "2, monte à la tribune au moment où l'Assemblée va se dissoudre. Pensant qu'il ne ferait qu'un discours, les sans-culottes descendent, le laissant semer "la discorde et le trouble parmi les citoyens lorsque nous l'avons entendu manquer de respect aux magistrats du peuple et parler de ses affaires personnelles"3. Alban, Blanc-Désisles et Dorfeuille lui intiment deux fois l'ordre de descendre. La Garde Nationale est appelée et Convers arrêté. Seule l'injonction de Dorfeuille de se taire au nom du représentant Albitte le réduit au silence. Les trois hommes ne tardent pas à le soupçonner d'être soutenu par les modérés. Conscients d'être allés trop loin vers une politique démocratique dictatoriale et victimes des attaques de Gauthier des Orcières et de Gouly, les sans-culottes craignent de perdre l'initiative politique. Sur les recommandations de Dorfeuille, deux commissaires sont envoyés le jour même à Paris avec une proclamation qui vise à féliciter la Convention mais surtout à les blanchir des accusations dont ils sont victimes ; en démontrant que leurs actions n'avaient pas la motivation hébertiste qu'on leur prêtait. Malgré ces précautions trop tardives, le Comité de Salut Public, informé de la situation politique, prend la décision de faire incarcérer à Paris les officiers municipaux de Bourg. Lors de la séance du Comité de Salut Public du 28 germinal, St Just rédige l'ordre d'arrestation des sans-culottes de Bourg. Il est signé par St Just, Barère, Prieur et Carnot et confié à l'exécution du ministre de la Justice.

 

d'après la thèse de doctorat d'histoire de Jérôme Croyet, "sous le bonnet rouge", soutenue et obtenue en 2003 à l'Université Lumière Lyon II

 

 

1 Lettre de Brun à la société populaire de St Rambert, 3 floréal an II. Collection de l'auteur.

2 P.v. contre Convers, le 30 germinal an II. A.C. Bourg I 47.

 

3 P.v. contre Convers, le 30 germinal an II. A.C. Bourg I 47.

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