pluviôse an II : les députés mis au pas du Peuple

2.44 Les commettants à 18 livres : Le pas hébertiste

 

A Bourg, l'ivresse révolutionnaire incite les sans-culottes à rédiger une nouvelle dénonciation contre Gouly le 19 pluviôse1. Puis, ils étendent leur rancœur à Ferrand, dès la séance de la société du 21 pluviôse an II. Ferrand, durant les mois de juin et juillet 1793, avait été député du canton d'Ambérieu auprès des membres du département de l'Ain en vertu de l'arrêté dudit département du 29 juin avant de remplacer Mollet à la Convention. C'est donc à un fédéraliste que s'attaquent désormais les sans-culottes lorsque Juvanon, suite à un rapport sur la conduite de Ferrand, réclame son exclusion de la Convention suivant la loi du 23 vendémiaire an II et fait accepter par la société des sans-culottes de Bourg une dénonciation contre lui. Les séances de la société populaire de Bourg et celles de Belley, sont rythmées par les dénonciations contre les députés Ferrand, Gauthier-des-Orcières, Gouly, Merlino, Deydier.

Au contact des Sans-Culottes de Bourg, Albitte prend parti (comme les commissaires civils) pour ces hommes contre Gouly. Le 21 Pluviôse an II, il écrit au Comité de Salut Public : je n'ai que trois mots à vous dire sur Gouly. Il a vécu et a fait sa fortune aux Indes, il a fait sourire ici tous les aristocrates et consterné les patriotes"2. Pour Albitte la référence aux Indes est un signe d'aristocratie mercantile, Gouly n'est pas un sans-culotte, mais un bourgeois qui s'est enrichit dans le commerce sur le dos des esclaves. Dès lors, la position de Gouly à Paris devient difficile. N'ayant plus la confiance des Comités, par trois fois il voit ses actions dans l'Ain désapprouvé par le Comité de salut Public3, alors qu'Albitte garde la confiance de ce dernier.

Alors que dans la journée du 23 pluviôse, Merle et Dorfeuille se mettent en route pour Paris, via Lyon, Chaigneau et Gallien revenant à Bourg annoncent à la société populaire que “les dénonciations pleuvaient de tout côté sur Gouly et que le tout était envoyé au Comité de Sûreté Générale4. Le départ de Merle et Dorfeuille pour Paris et leur détour secret par Lyon, influe sur les reproches des leaders sans-culottes envers les députés qu'ils jugent incapables voire coupables : « Citoyens, les membres de la Convention nationale ne sont que nos commis à 18 livres par jour et c'est nous qui sommes les négociants»5.

 

d'après la thèse de doctorat d'histoire de Jérôme Croyet, "sous le bonnet rouge", soutenue et obtenue en 2003 à l'Université Lumière Lyon II

 

1 Cette dénonciation est largement répandue dans l'Ain et à Paris. Le 28 ventôse la société des sans-culottes de Trévoux reçoit l’adresse de la société de Bourg dénonçant la modération de Gouly.

2 Lettre d'Albitte. A.Aulard receuil des actes du Comité de Salut Public tome 11 page 29.

3 Le C.S.P désaprouve les actions de Gouly, le 24 Pluviôse, le 26 Pluviôse et le 27 Pluviôse an II.

4 Registre de délibérations de la société des sans-culottes de Bourg, A.D.Ain 13L 8.

 

5Témoignage de Claude-Marie Gayet, cahier de dénonciation 1. A.D. Ain 15L 132.

Écrire commentaire

Commentaires: 1
  • #1

    allamarie (mardi, 16 février 2021 12:30)

    Merci beaucoup, c'est une lecture passionnante, comme toujours!