août 1793 : le replâtrage patriotique

Le replâtrage patriotique de Bourg et la guerre civile belleysanne

 

            Avec la présence des [1] un semblant de crédibilité. Dans une lettre à cette dernière, elle demande, le 7 août, que soient déclarés inéligibles tous les prêtres et les nobles pendant une durée de deux ans, ajoutant même que si ces derniers sont militaires, ils doivent être destitués de leur grade[2]. Cette action vise sans doute, aussi, à maintenir dans leurs fonctions administratives les sociétaires modérés ayant pris part à l'action fédéraliste, afin d'interdire le plus possible l'accession aux places au peuple et à ses orateurs. Mais, pour beaucoup, la société populaire demeure aristocrate du fait de sa cotisation élevée, interdisant son entrée à la masse laborieuse. De plus, pour les jacobins réintégrés dans leurs fonctions municipales, par un double arrêté du directoire du département et des représentants Javogues et Delaporte, la société des Amis de la Constitution de Bourg constitue un obstacle à leur nouvelle politique révolutionnaire. De leur côté, les modérés de l'administration du département essayent de s’attirer les bonnes grâces des représentants à Lyon en envoyant, le 26 août, Pagès et Tardy, auprès des représentants du peuple à Lyon afin d”employer entre eux et la ville de Lyon les moyens de conciliations tendant à empêcher la destruction de cette ville[3].

 

Avec le début du siège de Lyon, une seconde vague de peur anti-lyonnaise gagne rapidement les communes limitrophes de l'Ain et du Rhône, poussant les sans-culottes de cette région à agir contre les modérés et fédéralistes de leur commune. Dès le 30 juillet, le district de Belley prend un arrêté pour la levée d'un bataillon fort de 146 hommes, réunis dans une compagnie franche destinée à marcher contre Lyon. Dans la plupart des municipalités du district, l'enrôlement se fait le 3 août. A Belley, la société des sans-culottes, qui apprend le jour même que des nobles bugistes réfugiés à Lyon "annonçaient de grands projets. . .particulièrement dirigés contre la ville de Belley"[4], pousse sans doute les administrateurs à agir plus qu’ailleurs pour envoyer un bataillon de patriotes contre Lyon. Suspectant sans doute les sans-culottes d’un coup de force, la société du Temple, dans un arrêté remis à l’huissier Chabert, le 5 août, et destiné au juge de paix, réclame la dissolution de la société des sans-culottes. La scission entre les sans-culottes et les modérés belleysans est irréversible lorsque des membres de la Garde Nationale de Belley, qui n’a plus la confiance des sans-culottes, lors d’un repas fraternel à Chambéry, annoncent qu’à Belley “il n’y avait que les sans-culottes qui gênaient son parti, que sans eux ils viendraient à bout de son projet[5]. De leur côté, les sans-culottes dénoncent ceux qui ont “pris part aux arrêtés liberticides et fédéralistes de la société du Temple dit de la Liberté [6], ceux qui ont favorisé les émigrés et les suspects et enfin, et surtout, ceux qui se sont “montrés l’ennemi des sans-culottes[7], à l’image d’Anthelme Sevoz, des amis de Mollet, Tendret, Bernard et Dumolin.

Malgré les clivages politiques, ce sont les districts de Belley et de Trévoux qui ressentent le plus le poids du siège de Lyon, tandis que dans les districts du Bugey-Sud, une compagnie franche de patriotes se lèvent pour marcher contre Lyon. Beaucoup de bugistes et de trévoltiens se retrouvent sous les murs de Lyon, les représentants n'hésitant pas à se servir de ces districts comme réservoirs humains. Dans le Bugey, les préparations militaires vont plus loin que le simple armement de gardes ou de volontaires ; la société des sans-culottes de Belley en profite pour demander au district et aux représentants du peuple de distribuer des armes aux sans-culottes. Alors que les modérés ignorent et s'opposent au pouvoir des représentants du peuple, les sans-culottes ont compris l'intérêt de se rapprocher de ces derniers.

L'Ain devient un département tampon contre la propagation fédéraliste Lyonnaise et un butoir au rapprochement fédéraliste méridional et bourguignon.

 

d'après la thèse de doctorat d'histoire de Jérôme Croyet, "sous le bonnet rouge", soutenue et obtenue en 2003 à l'Université Lumière Lyon II

 



[1] "La Société, profondément indignée, allait s'occuper des moyens de détruire l'impression qu'auraient pu faire naître à la Convention ces bruits calomnieux.  Proclamation de la société populaire de Bourg citée par DUBOIS (Eugène) : Histoire de la Révolution. . .. Tome 3 page 334

[2]Cité par DUBOIS (Eugène) : La Société populaire. . . , page 39

[3] Note de frais de Tardy et Pagès, 4 septembre 1793. A.D. Ain 2L non classée.

[4] Registre de délibérations de la société populaire de Belley. A.C. Belley.

[5] Registre de délibérations de la société des sans-culottes de Belley. A.C.Belley.

[6] Dénonciation d’Anthelme Sevoz, n.d. Collection de l'auteur.

[7] Dénonciation d’Anthelme Sevoz, n.d. Collection de l'auteur.

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