1792 : l'accélération jacobine

L'accélération jacobine

 

A l'annonce de la suspension de Pétion, les villes de Bourg et de Belley lui apportent leur soutien par l'intermédiaire de Blanc-Désisles et de Morand chargés, le 5 juillet 1792, par la société populaire de Bourg de réclamer une récompense civique en son l'honneur à l'Assemblée. Dès lors, le département, sous l'influence des idées avancées des jacobins bressans et belleysans, suit le cheminement révolutionnaire national et par certaines actions l'anticipe quelque peu. En effet, le 13 juillet 1792, les citoyens Rostaing et Blanc-Désisles, dans un discours à la société populaire de Bourg, demandent la suppression de la monarchie et la réintégration de Manuel et Pétion à la mairie de Paris, suite à leur éviction conséquence du 20 juin. Dans le département, les fêtes du 14 juillet prennent un sens nouveau : des discours patriotiques sont lus à Bourg et à Belley. A Bourg, la fête de la Fédération réunie la Garde nationale et les chasseurs du régiment d’Alsace, mais aussi les citoyens de la ville et leurs édiles, autour de l’autel de la Patrie, monté place du Bastion. Cet autel, qui réunit « la simplicité et la majesté la plus imposante »[1] , sert de catalyseur a ce moment d’union : si la foule assiste et est invité à prêter serment, au même titre que les élus, les gardes nationaux, les chasseurs et les gendarmes forment un carré autour de l’autel. Outre la prestation de serment, la fête est un rappel à l'ordre constitutionnel et au respect des lois. A Belley, le commandant de la Garde Nationale, Louis Carrier, appelle au maintien de la Constitution et à l'union derrière Pétion et Luckner. Mais la conséquence des événements Lyonnais et parisien va plus loin et entraîne une première vague de suspicion lorsque le 22 juillet 1792, la société populaire de Bourg adopte une adresse du club de Besançon qui demande la séquestration, dans les chefs-lieux de départements, des prêtres réfractaires. Jusqu'à ce moment, ces derniers, séparés entre non-jureurs et assermentés avec restriction, qui avaient été plutôt excusés par les patriotes qui considéraient qu'ils n'avaient "pu être entraînés (que) par les libelles incendiaires que les ennemis de la révolution ont répandus"[2], commencent à être assimilés à la contre-révolution. De même, à la fin du mois de juillet, les jacobins bressans jugent suspecte la conduite de Lafayette à l'armée et personne, à la société de Bourg, ne prend la défense du héros de la guerre d'indépendance américaine lorsqu'un sociétaire lit la lettre d'un soldat au 42e Régiment d'infanterie de ligne, qui dénonce "les différentes manœuvres que les généraux Lafayette, Lameth. . . emploient journellement pour corrompre l'armée"[3]. De même les patriotes commencent à suspecter certains administrateurs du département. Quand le Directoire du département fixe ses séances à 6 heures du matin, les sociétaires bressans estiment le nouvel horaire "mal choisi, attendu que c'est le moment où tous les ouvriers sont au travail"[4]. S'appuyant sur le petit peuple urbain, les jacobins bressans critiquent ce nouvel horaire. Duhamel demande que la séance soit fixée à 17 heures tandis que Blanc-Désisles invite le peuple à y assister "pour surveiller les administrateurs "[5].

            Le 4 août 1792, alors que la Patrie a été déclarée en danger et que la ferveur militaire bat son plein, la société populaire accueille quatre marseillais[6] en route pour rejoindre les armées à l'est du département. Ce soutien inattendu du parti jacobin modèle incontestablement les futurs sans-culottes, non moins par leurs discussions sur la déchéance du roi que par le danger que représentent les prêtres.

 

d'après la thèse de doctorat d'histoire de Jérôme Croyet, "sous le bonnet rouge", soutenue et obtenue en 2003 à l'Université Lumière Lyon II

 



[1] A.D. Ain 4L108.

[2] Lettre circulaire de la société populaire de Bourg, 3 mars 1791. Collection de l'auteur.

[3] DUBOIS (Eugène) : La Société populaire. . . , page 18

[4] DUBOIS (Eugène) : La Société populaire. . ., page 18

[5] DUBOIS (Eugène) : La Société populaire. . ., page 18

[6] Les 4 marseillais, commissaires aux armées "pour déjouer les trahisons" sont les citoyens Laugier, chef de légion de la Garde Nationale, Regnier, Maillet juge de paix et Luler homme de loi. Registre de délibérations de la société des Amis de la Constitution de Bourg, A.D. Ain  série 13L.

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