1792 : le pas Républicain dans l'Ain

Le pas républicain

 

A la suite du massacre du Champ de mars et de la scission entre Feuillants et Jacobins à Paris, le club de Bourg, avec Blanc-Désisles comme président, proclame son attachement à ces derniers. Dans une lettre envoyée aux Feuillants, le club de Bourg, sous la plume de son président, lui demande sa réunion aux Jacobins. Dans une troisième lettre, la société de Bourg rend hommage à Pétion[1], montrant ainsi, malgré un esprit de conciliation, son attachement aux leaders de la Révolution face aux modérés, partisans de la fin de la "machine à insurrections" [2], dirigés par Lafayette, Barnave, Duport et Lameth : l'Ain se place dans la tendance jacobine.

Toutefois, le 9 juin, le spectre contre-révolutionnaire Lyonnais[3] ressurgit lorsque la municipalité annonce la création d'un comité de surveillance pour faire face aux troubles intérieurs. Rapidement informé, le district de Belley apprend au département de l'Ain, le 11, la création du comité de surveillance Lyonnais. Ce dernier, à peine formé réclame aux districts de l'Ain la liste des citoyens suspects réfugiés à Lyon. Le district de Belley annonce qu'il n'y a pas de suspects chez lui, par contre les districts de Bourg et de Nantua lui envoient, le 13, des listes de personnes suspectes. Même si le département de l'Ain ne répond pas à l'alerte Lyonnaise par la mise en place de comités, les personnes suspectes sont surveillées ; la municipalité de Nantua va même jusqu'à ouvrir le courrier en s'appuyant sur la loi du 10 juillet 1791. Informé de cette pratique, le ministre Roland la rappelle à l'ordre.

            L'annonce des événements du 20 juin 1792 de Paris parvient dans l'Ain le 24. Le jour même, à la société populaire de Bourg, le citoyen Jean Antoine de Rostaing[4] fait un violent discours anti-monarchiste à la suite duquel la société demande, au nom des citoyens de la ville, que la Constitution soit modifiée et qu'une nouvelle Convention soit formée[5]. Avec cette motion, un cap idéologique est franchi ; la fuite du roi, la guerre et le droit de veto, "devenu dans ses mains un moyen de paralyser la volonté nationale souveraine" [6], poussent les jacobins à vouloir une nouvelle constitution et non plus d'une Assemblée qui légifère avec une constitution morte. La trahison du pouvoir exécutif est une réalité indiscutable pour eux. A ce moment, les administrations départementales et des districts sont aux mains des jacobins issus de la bourgeoisie urbaine dont la grande majorité tient le peuple écarté de la vie politique. Seuls quelques citoyens à la société populaire de Bourg l'ouvrent au public, citoyens, femmes, enfants et volontaires. Afin d'appuyer sa politique, l’administration du département de l’Ain favorise, à partir d’avril 1792, la publication du Journal du département de l’Ain, organe de la société populaire de Bourg, dont Gauthier des Orcières se fait le promoteur en envoyant des prospectus avec la correspondance officielle.

 

d'après la thèse de doctorat d'histoire de Jérôme Croyet, "sous le bonnet rouge", soutenue et obtenue en 2003 à l'Université Lumière Lyon II

 

 



[1] "un seul homme, par son génie et ses vertus peut illustrer la patrie et la sauver de 1000 dangers "cité par DUBOIS (Eugène) : La Société populaire. . .  page 8

[2]"Dupont-de-Nemours" in VOVELLE (Michel) : La Révolution Française 1789-1799, page 26.

[3] "cette ville, est, de plus en plus le foyer et le centre de la contre-révolution, et le rendez vous des aristocrates "DUBOIS (Eugène) : Histoire de la Révolution dans l'Ain. Tome 2, page 321.

[4] Voir dans le dictionnaire des militants révolutionnaires, à Bourg.

[5] "noue l'adjurons (l'Assemblée Législative)de se former en Convention nationale à l'effet de changer ou modifier la Constitution "Pétition manuscrite, portant trois cent signatures environ en date du 24 juin 1792, cité par DUBOIS (Eugène) : La Société populaire. . . , page 14

[6]Pétition du 24 juin 1792 citée par DUBOIS (Eugène) : Ibid, page 13

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