Dans l’Ain, les postes aux messageries sont réparties le long des grandes voies de communication, les routes royales devenues nationales. Elles sont au nombre de 14 : Ambérieu, Bourg, Belley, Cerdon, Ferney, pont d’Ain, Seyssel, Saint-Rambert, Versoix et Trévoux, et emploient plus d’une vingtaine de personnes.
Les postes sont un lieu révolutionnaire important, car le courrier est le seul moyen de communication avec la parole rapportée par les voyageurs et les colporteurs. Ainsi la fermeture d’une poste peu entraîner des réclamations : ainsi, le 20 germinal an II, la société populaire de Ferney proteste auprès du représentant du peuple Albitte au sujet du transfert de la poste de Ferney à Carrouges.
D’une manière générale et malgré un état des routes assez catastrophique, l’acheminement du courrier est assez rapide : c’est le 16 juillet que les habitants de Bourg apprennent les événements du 12 à Paris et c’est le 10 juin 1793 que la société populaire de Saint-Rambert est informée de l’insurrection fédéraliste lyonnaise du 2.
En plus de la poste, la gendarmerie assure un rôle de courrier militaire dans l’Ain. Mais avec la mise en place d’une correspondance militaire en 1793 pour les besoins de l’armée des Alpes et des représentants du peuple en mission, la gendarmerie se voit déchargée de cette tâche au profit de détachements de troupe régulière, comme des hussards : c’est le cas, le 20 nivôse an II où est mis en place par le district de Bourg, d’une correspondance militaire à Cerdon, assurée par 4 hussards et 1 brigadier du 1er régiment de hussards. Les représentants utilisent cette poste militaire mais aussi des courriers extraordinaires, ainsi, le 3 germinal an II, le représentant Albitte emploi le citoyen Quinson, directeur de la poste, afin de lui faire livrer un courrier exceptionnel à Ambérieu, pour 16 livres.
De cette circulation des informations, il en résulte une très grande diversité de mentalité et de politisation des futurs révolutionnaires des régions du département de l'Ain. A la veille de la Révolution ; la Bresse est certes en autosuffisance alimentaire, mais refermée sur elle-même, en complète opposition avec le Bugey, où, l'on vit pauvrement, avec l'ombre presque permanente de la disette, qui pousse les bugistes à s'ouvrir sur le monde en se louant comme main d'œuvre dans la proto-industrie. Mais le cadre et la qualité de vie bugiste est meilleure qu'en Bresse, où, malgré des sols fertiles et des productions agricoles abondantes, cette dernière est médiocre et limitée aux confins de ses exploitations. De ces faits, le salaire d'une journée de travail d'un homme, à la campagne, sans toucher de nourriture n'est pas équivalent dans les quatre pays du département, si elle est de 75 centimes, en 1789, en Bresse et Dombes, elle est d'un franc à Trévoux[1]. Ces clivages très marqués entre la Bresse et le Bugey se font politiquement jour dès 1788, où le Tiers Etat du Bugey se plaint de l'humiliation de n'avoir que deux députés alors que la Bresse en a quatre, mais surtout en 1793 et en l'an III lorsque les districts composant le Bugey font de lui "le plus résolument montagnard du département" [2] : sur les trente-trois villes bugistes fournissant une main d'œuvre ouvrière, dix possèderont une société populaire en l'an II.
d'après la thèse de doctorat d'histoire de Jérôme Croyet, "sous le bonnet rouge", soutenue et obtenue en 2003 à l'Université Lumière Lyon II
[1] La moyenne qui est de 0,81 centimes en 1789 sera de 1 francs 25 en 1801.
[2] BOUTRY (Philippe) : "sociétés politiques des pays de l'Ain" in le Bugey, n°75, Belley, 1988, pages 171 à 206.
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