1789-1799 sous le bonnet rouge : la médecine

La médecine n’est pas absente de la vie quotidienne des gens de l’Ain à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle et reléguée aux rebouteux, au contraire. A Bourg on dispense des leçons de chirurgie qui ouvrent aux études à Paris ou à Montpellier où l’on recueille et garde précieusement, comme le chirurgien Pacoud, ses carnets de cours. Le Premier Empire réglemente l’exercice de la médecine. Le 28 pluviôse an XII, le préfet de l’Ain oblige ceux « qui ont reçu…des diplômes » à se faire connaître dans leur mairie afin de passer les examens du jury départemental.

Les médecins de l’Ain, souvent très qualifiés, on des idées assez précises et poussées sur l’inflammation, l’anévrisme, les varices, le cancer, les tumeurs, les hernies, sur la douleur ou les ulcères. Mais on se pose encore des questions que les mécanismes de la reproduction et, tel Lalande, « le mélange…des germes dans la matrice » [1].

Le département comporte un important maillage d’hôpitaux, Bourg, Belley, Montluel, Trévoux ou encore Bâgé qui peut accueillir en 1788 seize malades et en soigne plus de cent par an. Les enfants orphelins sont recueillis depuis 1687 à l’hospice de la Charité de Bourg.

 

En 1806, une grande enquête sanitaire sur l’Ain est faite. Les gens des vallées exposées au vent du Nord sont souvent victimes au printemps d’inflammations cataractes des poumons. Dans la partie orientale du département, ce sont les rhumatismes qui nuisent à la vie tandis que dans les Dombes et la partie occidentale de l’Ain c’est la constitution catarrhale. Les fins d’été sont marqués par des fièvres compliquées, bilieuses et gastriques, voir même des fièvres putrides à Priay, nécessitant l’emploi de vermifuge. La Dombes est alors marquée par un mal inconnu et rare : le palud des Dombes.

 

A la fin du XVIIIe siècle, une partie non négligeable de la société est victime des maladies sexuellement transmissibles, notamment la petite vérole, dont on trouve souvent la trace sous la mention : « visage grêlé » ou « visage vérolé ». Dorfeuille ou le juge Pété, de Trévoux, sont porteurs de ces mentions. En effet, en France et même dans l’Ain, "comme les chaudes-pisses (qui) sont communes à Paris, tu diras à Barquet qu'il m'en fasse emplette d'une, comme connaisseur dans cette partie, il me fera le plaisir de la prendre bonne »[2] écrit ironiquement l’accusateur public du tribunal criminel de l’Ain, Merle, en l’an II.

Le seul moyen d’éviter cette contagion est déjà, depuis longtemps, la « redingote anglaise » plus vulgairement connue sous le nom de condom. Il faut attendre la Révolution pour le commerce légal du préservatif soit autorisé et même fabriqué par la Maison du Gros Millan qui alimente alors Paris mais aussi la province. C’est souvent lors de voyage à Paris que les étudiants découvrent, sous le 1er Empire, la capote anglaise. « En rentrant dans leurs foyers de province, ils en révèlent l’usage à leurs amis ». Les préservatifs sont alors fabriqués en vessie souvent bordé d’un petit ruban et parfois garni de poils.

 

d'après la thèse de doctorat d'histoire de Jérôme Croyet, "sous le bonnet rouge", soutenue et obtenue en 2003 à l'Université Lumière Lyon II

 



[1] Registre de délibérations de la S.E.A.. Archives de la S.E.A..

[2] A.D.A in série L.

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