1789 - 1799 : l'habitat

L'habitat se répartit différemment dans le département. Dans la plaine de Bresse, il est dispersé. Il est caractérisé par des villages en nébuleuse et des fermes isolées avec la présence d'un bourg qui peut prendre l'aspect d'une ville fortifiée comme à Bâgé, Pont-de-Veyle, Pont-de-Vaux ou St Trivier. Si Pont-de-Vaux passe pour être la ville la plus régulièrement bâtie du département en 1806, elle est surtout une ville assez insalubre, dans laquelle "on y enterre encore dans l'église paroissiale…on enfouit les morts dans un passage ou rue publique"[1] jusqu'en 1781. Le bourg bressan comprend le strict nécessaire pour assurer la vie sociale de la communauté bien que certains bourgs puissent être réduits à leur plus simple expression : l'église paroissiale avoisinée par une ferme. A Montrevel, il s'agit de 80 maisons réunies dans l'enceinte des remparts. C'est en dehors du bourg sur un vaste territoire que se répartissent les villages nébuleuses, constitués d'ensembles de 3 à 20 maisons espacées les unes des autres à distance respectable, et les fermes isolées car l'habitat bressan est déterminé par les nécessitées agricoles : le corps de logis se trouve au centre du domaine qu'il contrôle. Pourtant, la qualité de vie en Bresse n'est pas très bonne, la ville de Bâgé-le-Châtel, pourtant construite sur un monticule, est d'une "extrême malpropreté"[2] à cause des ruelles tournantes et étroites qui sont "le réceptacle d'immondices de toutes espèces qui infectent la ville en été" [3]. A Pont-de-Veyle, l'habitat est rendu mal sain à cause du sol trop humide, de même que de sol fangeux pose des problèmes à Montrevel.

 

Dans le Revermont, pourtant voisin, l'habitat est déjà différent. La paroisse ou la communauté ne se conçoit que comme une agglomération, comme en Mâconnais ou en Lorraine.

En Dombes, par contre, l'habitat est misérable. Les maisons, faites de torchis, sont généralement insalubres et dépourvues d'hygiène. Toutefois, dans la région de Montluel, le climat et l'habitation y sont meilleurs. Ce dernier, comme à Meximieux, située dans une position agréable, consiste dans cette partie limite sud-est de la Dombes en des réunions de maisons. La ville de Montluel est presque à l'image de sa voisine Lyon, elle regroupe 400 maisons et est entouré par un faubourg, Dagnieu, et des hameaux, qui; pour le préfet Bossi, offre même "un aspect riant et varié"[4].  De même, les abords ouest de la Dombes, à Thoissey, sont plus agréables que le centre de la province où dit-on "les corbeaux volent sur le dos pour ne pas voir la misère" : 35 à 40% du  terrain est composé d'étangs.

 

Dans le Haut Bugey, l'habitat est dispersé en maisons isolées à partir d'un village où, comme sur le plateau du Retord, les maisons ne comportent pas d'enclos et peuvent avoir un potager limité par un entrelac formé de chevalets et de résineux desséchés. Si en Bresse, le paysage est un bocage, dans le Valromey la limite de propriété se fait à l'aide de murets en pierre. Sur le plateau du Retord, "les fermes sont équipées d'une citerne couverte creusée dans le sol…si les fermes étaient énormes, d'autres étaient des granges de dimensions plus modestes"[5].

 

d'après la thèse de doctorat d'histoire de Jérôme Croyet, "sous le bonnet rouge", soutenue et obtenue en 2003 à l'Université Lumière Lyon II


[1] Extrait des minutes du greffe du bailliage de Bresse à messieurs les officiers du siège présidiail de Bresse, 2 juin 1781. Documents Riboud,  M 38/5. S.E.A.

[2] BOSSI : Statistiques sur le département de l'Ain, 1806. A.D. Ain.

[3] BOSSI : Statistiques sur le département de l'Ain, 1806. A.D. Ain.

[4] BOSSI : Statistiques sur le département de l'Ain, 1806. A.D. Ain.

[5] LAURENT (Jean) : Retord, terre d'hommes et de ciel. M&G éditions, Bourg en Bresse, 1999, 79 pages. A.D. Ain bibliothèque D1272.

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