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l'Ain en 1870

Les 4 bataillons de Mobiles de l’Ain mis sur pied sont dirigés à l’armée. Le 1er bataillon de l’Ain, celui de Belley, est compris dans le 4e corps d’armée. Le 6 septembre, des compagnies des mobiles de l’Ain sont détachées, pour assurer la défense des places fortes de l’Est de l’Ain : les 7e et 8e compagnies du 1er bataillon sont dirigées sur Pierre Châtel et la 8e compagnie du 3e bataillon sur Fort l’Ecluse. Le jour même, le 4e bataillon de l'Ain reçoit l'ordre de ce mettre en route et le 9 septembre, c'est le départ en train pour Paris.

Dans l’Ain, la population vit la guerre douleureusement : “ Trente de nos deux enfants souffraient la faim et les autres missions du siège de Paris. Quarante quatre mobilisés parcouraient le département de Saône et Loire. Douze soldats, enfants du pays, étaient prisonniers encore en Prusse et plus d’un cent servait la Patrie dans divers corps de nos armées. Chaque jour, plus de deux cents hommes s’exerçaient pendant deux heures au maniement des armes et s’instruisaient à devenir de vrais soldats si l’invasion avait lieu dans le département ” note le curé d’Hautecourt, en 1870. La région située entre Beaune, Bourg, Autun et Dôle, devient le creuset de la réorganisation des troupes françaises. Culoz, en octobre et novembre 1870, devient une gare de passage régulière pour les volontaires garibaldiens, venant de Chambéry, où ils sont été équipés et logés, pour aller au Jura rejoindre l’armée des Vosges. Dès le début du moins d’octobre, des arrivages de fusils, de canons, de mitrailleuses, de harnais de chevaux ont lieu dans les ports français. L’Ain fait alors office de base arrière logistique et soulage la Savoie en accueillant des troupes de Garibaldi en garnison. A ces troupes, se joignent, le 30 octobre, la compagnie des guérillas de Rhône. Une fabrique de cartouches est montée à Bourg par le préfet de l’Ain. Elle fabrique 25 000 cartouches par jour jusqu’à sa fermeture le 20 juin 1871. Les poudres sont requises dans tout le département et même importée. Dès novembre, des cartouches sont expédiées dans les différents arrondissements du département pour équiper les gardes nationaux en cours de formation : 55 000 cartouches à Trévoux, 42 000 à Belley, 8 900 à Gex et 27 000 à Nantua. Ces cartouches sont réparties entre Garde Nationale Mobile et Garde Nationale Sédentaire à raison de 36 cartouches fabriquées par hommes pour les premiers et 6, sous forme de poudre et de balles à fabriquer par hommes pour les seconds.

De leur côté, les Prussiens, suite à leurs victoires, se dirigent sur Paris mais aussi vers le sud par les défilés des Vosges et malgré quelques manœuvres de retardement de la part de corps-francs, ils arrivent à Dijon, et le 30 octobre la ville, après la résistance courageuse de la garnison, composée de volontaires et de francs-tireurs, commandée par le colonel de gendarmerie Fauconnet, se rend, ouvrant la ville aux assaillants. Le 10 novembre, les Prussiens accentuent leur marche vers la Saône, provoquant, le 11 novembre, la mise en place d’opérations de destruction dans le Rhône et l’Ain. Le lendemain, le ministre de l’Intérieur annonce au préfet de l’Ain, que le mouvement prussien s’accentue de plus en plus et que la Seine et Marne est envahie. A Paris, les résolutions de résistance énergique du Gouvernement, “ sont accueillies par l’opinion parisienne avec une confiante satisfaction ”1. Le 12 novembre au matin, les Prussiens quittent Dijon. A Paris, les troupes de Garibaldi mettent en déroute les prussiens à Châtillon-sur-Seine, leur mettant hors de combat 7 à 800 hommes. A Evreux, le 19 novembre, la garde nationale repousse les prussiens qui ne se sont contentés que de tirer quelques coups de canons.

 

            Avec la présence des mobiles de toutes la France, dont les 2e, 3e et 4e bataillons de mobiles de l’Ain, Paris prend l’aspect d’un immense camp. L’accueil des parisiens, réservé aux mobiles, est chaleureux. En effet, le 4e bataillon de l'Ain arrivé à Paris dans la matinée du 10 septembre, et rejoint par le 2e bataillon, sont acclamés par les parisiens. Mais rapidement, suite à l'annonce de la victoire des républicains, menés par Gambetta, aux élections, les officiers des bataillons de l'Ain à Paris prennent des mesures disciplinaires pour éviter un embrasement républicain des troupes, d'autant plus que la tentation révolutionnaire est grande : les bataillons sont cantonnés chez l'habitant ou les femmes ne manquent pas de provoquer les moblos. Mais les manœuvres des officiers ne font que retarder l'évidence, le 31 octobre, le 4e bataillon de l'Ain, républicain, se prononce en faveur du gouvernement.

Dès le 17 septembre, les opérations militaires commencent pour le 40e régiment de mobiles, formé des 2e, 3e et 4e bataillons de l'Ain. Le 17 septembre est le recul de la ligne de front dans Paris, deux jour plus tard, le 19, c'est le siège de la capitale. Le 28 septembre, les mobiles de l'Ain reçoivent l'ordre de se mettre en campagne. Ils sont cantonnés à St Mandé. Les pertes sont sévères, non pas à cause des combats mais de la maladie. Le 10 octobre, les mobiles de l'Ain reçoivent l'ordre de se replier, le 4e quitte Paris sous une pluie battante et se repli jusqu'au 28 janvier 1871. Les 2e et 3e bataillons de l'Ain sont à Arcueil Cachon. C'est le réel début de la guerre pour les mobiles de l'Ain : tranchés, mauvais approvisionnement, rationnement et froid. Le 30 octobre, alors que les 3e et 4e bataillons de l'Ain sont cantonnés à la croix d'Arcueil, l'annonce de la réédition de Bazaine jette la stupeur puis la colère dans les rangs des mobiles de l'Ain. Le 30, les 3e et 4e bataillons de l'Ain comptent leurs premières victimes dues aux combats.

 

Jérôme Croyet

docteur en histoire

 

 

1Télégramme du ministre de l’Intérieur, 11 novembre 1870. A.D. Ain 8R.

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