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le château de Champdor

Ce château bugiste à deux étages dispose quatorze pièces pour une surface au sol d’environ 330 m². Ses quatre tourelles d'angle lui donnent un aspect moyenâgeux ; mais il date en fait du XVIII° siècle. C’est Guy de Montillet, seigneur de Champdor, qui le mit en chantier au début du siècle des Lumières.

Guy épousa, en 1695, demoiselle Hippolite de Révol qui était parente par cousinage avec la famille royale de France. Du fait de cette alliance, Guy de Montillet dut édifier une demeure en rapport avec son illustre parenté : un château. Ni Guy, ni sa femme n'en verront l'achèvement.

Hippolite mourut, en 1705, après avoir donné naissance à cinq enfants dont l’illustre Jean-François Montillet de Grenaud, nommé archevêque d'Auch en 1742. Guy, remarié en 1715 à dame Gasparde de Varay, mourra en 1730.

De cette seconde union, naîtra Thomas (premier du nom) qui reprendra Champdor et achèvera la construction du château vers 1743. Son fils aîné, Thomas (deuxième du nom) confia, pense-t-on, cette demeure à des châtelains pour s'en aller résider à Dijon où il possédait un hôtel particulier. Il n'eut qu'un fils, Théodore.

Celui-ci, malgré la Révolution, semble avoir conservé la fortune de sa famille dijonnaise ; ce qui lui permit de construire, entre 1846 et 1851, une tour carrée en pierre au nord du château de Champdor haute de 35 m. Chacun des six étages forme une pièce, les deux derniers étant réservés pour une cloche et une horloge qui donnait l'heure exacte grâce à une méridienne érigée dans le parc du château. Le rez-de-chaussée de la tour devint la cuisine reliée au château par un large passage couvert éclairé par deux lucarnes.

Pourquoi une telle construction ? Théodore, sans descendance, voulut laisser sa trace dans l’histoire au travers de cette tour. On dit même qu’il utilisa ses tapisseries d'Aubusson pour protéger le mortier frais du soleil.

Avec l’avènement de la II° République en 1848, cette tour fut perçue par beaucoup de Cambots (habitants de Champdor) comme une "réminiscence de l'odieux régime féodal ”. Le château fut victime d’incendies volontaires. Le plus important, celui de 1850, détruisit la toiture en tavaillons qui fut refaite en ardoises.

Le baron Théodore mourut à Dijon en 1881. A la mort de sa femme Euphémie Montillet de Grenaud en 1891, le château revint à l'un de ses neveux, Xavier Montillet de Grenaud, administrateur de l'Enregistrement des Domaines. Il habita le château, avec sa famille, exploitant lui-même la propriété.

Devant les procès à répétition avec les propriétaires fonciers voisins, il se décida, en 1911, à vendre le château aux enchères. Le régisseur de son domaine, un dénommé Garin, l’acquit pour le revendre à M. Chasselet qui voulait faire soigner sa fille tuberculeuse. Les vertus curatives de l’air du plateau d’Hautveille étaient maintenant connues dans l’ensemble de la région lyonnaise et permirent l’essor de la station sanatoriale d’Hauteville-Lompnes.

 

En 1920, une famille d’industriels lyonnais, les Brossette, acquit le château et y passa leurs vacances avant de s’en désintéresser après la 2° guerre. En 1949, elle vendit le château à la Mutuelle des employés de la ville de Marseille qui, à son tour, s’en sépara, en 1955, au profit du Dr Le Tacon. Ce dernier y vécut jusqu’à son décès en 1992. Mis en vente par les héritiers en 1995, il fut acquis, sur préemption, par la commune de Champdor.

 

Par Yann Cruiziat

 

président du Dreffia (association de patrimoine du plateau d'Hauteville-Brénod)

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