Sorciers, magie et créatures fantastiques

Dès l’Antiquité, l’homme attribue ce qu’il ne peut expliquer à la sorcellerie. C’est au XVe siècle que l’Eglise prend position et nomme des inquisiteurs. S’en suit de 1480 à 1520, avec l’aide de l’autorité royale, une vague de répression surtout en Bresse. A Bourg, dès 1468 et surtout en 1475, des individus sont accusés et jugés par le bailli puis brûlés. Des exécutions ont encore lieu à Bourg en 1499, 1502, 1503, 1507 et 1508. En 1476 et 1477 des sorciers sont poursuivis à Corgenon et de Pont de Vaux. En Bugey, vers 1469, c’est une veuve de St Trivier qui est jugée mais qui parvient s’échapper et à se réfugier en Bourgogne. Les sorciers sont généralement des femmes car leur corps est mal connu des médecins et elles sont réputées être plus sensibles aux appels du diable. Les suppliciés sont brûlés, attachés par des chaînes à un poteau et coiffés d’une mitre. A l’ignorance se joint la vengeance. En effet, l’accusation de sorcellerie est un prétexte pour éliminer quelqu’un de gênant. Ainsi, en 1617, le gouverneur de Bresse, Concini, trop influent, est accusé de sorcellerie par Louis XIII. Elle permet aussi la concussion et les abus de pouvoir : en 1477, l’inquisiteur de la foi, Nicolas Moreny, sévissant en Bresse, est à son tour jugé pour usurpations et extorsions. Dès 1580, la justice seigneuriale prend le relais et poursuit avec encore plus d’acharnement les sorciers jusqu’en 1670. En Franche Comté et en Revermont, elle devient l’exutoire à la guerre, la peste et la famine qui touchent le pays. De 1657 à 1661, des dizaines de personnes sont pourchassées à Verjon, Montrevel, Germagnat, Chavuissia, Chavannes, Tolonjon et Valfin sur Valouse. Certaines d’entres elles, dont la plus jeune a 14 ans, sont brûlées à Dôle, Lons, Chavannes, Rosi et Coligny. Les rares personnes questionnées à l’église des Augustins de St Amour avouent que le malin, qui a pour nom le « Persécutteur », pousse ses victimes à poignarder l’hostie au Sabat.. Toutefois, au XVIe siècle, des auteurs mettent en doute la véracité des actes de sorcellerie et au XVIIe, les progrès des sciences la rejettent aux marges de l’ignorance et de la crédulité. En 1682 une ordonnance royale redéfinit les règles de la pratique judiciaire et en 1740 le Dictionnaire de Trévoux enterre la sorcellerie dans la légende et la superstition.

 

Jérôme Croyet

docteur en histoire

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