les fêtes de fin d'année dans l'Ain

 Jusqu’à la moitié du XIXe siècle le 25 décembre chômé n’existait pas et le Père Noël était inconnu. En effet, le 25 est une journée comme les autres où chacun vaque à ses occupations jusqu’à la fin de journée : le 25 décembre 1791, le municipalité de Trévoux émet 4 000 billets de confiance. Les administrations traitent leurs affaires même jusque tard dans la nuit du 24 et en 1794,  les membres du district de Bourg ou du département après avoir quitté leur travail se rendent à la société populaire de Bourg. Le même jour, en 1810, ce sont des vandales qui ne chôment pas et qui volent les vases sacrés de l’église de Beynost alors que durant la messe, à Nievroz, des cambrioleurs officient.

Dans les campagnes, la seule vraie festivité est la Messe de Minuit avec, au retour, le cevis « civier » ou du millet et du boudin cuit avec des petites saucisses, de l’huile et du saindoux. Les artifices ne sont pas légions. Il n'y a ni sapin, ni décorations mais une bûche, « la grouba de chalende », mise cérémonieusement au feu et parfois une petite crèche dans laquelle on pose l'Enfant Jésus et devant laquelle on chante tous ensemble. Ces cantiques de Noël sont répandus et chantés par tous, tel ce "Noël de Bourg" qui raconte que l'Enfant Jésus, enfin né, grelottait dans la Crêche : "Dès que la ville de Bourg, Eut appris la grande nouvelle, On fit battre le tambour, Pour tout mettre en écuelle, Les poulardes, les chapons, Les saucissons , les jambons, Les dindonnaux à foison". Sous l’Ancien-Régime, la fête de Noël donnait lieu, à Bourg et dans la Bresse, à de grandes réjouissances populaires, des charivaris et un bal, au son de la vielle et de la musette. Les cadeaux n'abondent pas, parfois un petit jouet de bois taillé ou des rubans et des tissus pour le confection des nouveaux vêtements. A partir du début du XIXe siècle, le cadeau le plus répandu est quelques papillotes et une orange, fruit exotique et rare. Noël est l’occasion d’un bain de pieds chaud réputé protéger des morsures de reptiles.

 

Jérôme Croyet

docteur en histoire

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