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les chirurgiens dans l'Ain

Dans l'ancienne France, la chirurgie fut presque toujours séparée de la médecine ; ce ne fut que fort tard que l'on comprit que ces deux arts ne formaient qu'une seule et même science et que le médecin et le chirurgien ne pouvaient guère exercer l'un sans l'autre. Car si le médecin peut, à la rigueur, se dispenser de connaître à fond la pratique des opérations les plus compliquées, il n'en doit pas moins connaître l'anatomie ; et s'il n'est pas nécessaire au chirurgien de pouvoir reconnaître les symptômes et suivre la marche de toutes les maladies, du moins doit-il avoir une connaissance assez approfondie de la médecine pour savoir quand une opération est nécessaire et en prévoir toutes les conséquences.

Cela n'était pas aussi clair pour les gens du Moyen Age, surtout pour les médecins, qui redoutèrent toujours la concurrence des chirurgiens et réussirent à les maintenir dans une situation inférieure jusqu'au dix-huitième siècle.  Ce qui ne contribua pas peu à maintenir les chirurgiens dans une position inférieure fut le titre de « barbiers » qu'ils portèrent jusqu'au XVIIIe siècle, à la grande joie des médecins. Les mêmes individus qui pansaient les plaies et remettaient les membres se réservaient aussi le privilège de prendre soin de la barbe de leurs concitoyens. Les examens des chirurgiens consistaient surtout en épreuves pratiques. A Beaune, par exemple, l'ouvrier est tenu de rester quatre jours dans la boutique de chaque maître « et d'y faire ung fer de lancete bien tranchant, bien poignant, pour bien doulcement et seurement seigner tous lieux que l'on doibt seigner sur corps d'homme et de femme. » A Bordeaux, où la corporation était dirigée par quatre jurés élus annuellement, les épreuves portaient sur la botanique, la saignée, la composition des emplâtres et onguents, l'usage des ventouses, etc.

Dans presque toute la France, saint Côme et saint Damien se partageaient le patronage de la confrérie.

 

Jérôme Croyet

docteur en histoire

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