Le 31 juillet 1794, l’ancien maire de Bourg, Pierre François Blanc-Désisles et plusieurs membres des municipalités de Bourg et Belley sont arrêtés par ordre du Comité de Salut Public pour leurs actions politiques désormais en inadéquation avec la nouvelle donne née de la chute de Robespierre. Ces 36 sans-culottes détenus au couvent des Claristes à Bourg deviennent trop encombrants pour l'administration du département, désireuse de hâter leur procès pour se débarrasser d'eux. Considérant qu'il est impossible de les juger à Bourg, où ils rencontreraient trop de soutiens, les administrateurs décident de les envoyer devant le tribunal criminel du Jura. Pour cela ils obtiennent, le 13 avril 1795, un ordre de transfert. Alors que la confidentialité est de mise en pareil cas, l’agent national de Bourg "fit lire l'arrêté au milieu de la rue, disant : Voilà l'arrêté qui nous débarrasse de tous nos coquins, ils n'en échapperont pas", signant l'arrêt de mort des détenus en alertant les revanchards de l'an II du départ de leurs bourreaux d'hier. C'est dans une ambiance que le 19 avril, à 7 heures du matin, l'accusateur public du tribunal criminel de l'Ain annonce publiquement le transfert des détenus. A 9 heures du matin, Blanc-Désisles ex-maire de la commune de Bourg, Rollet-Marat ex-agent national du district de Bourg, Baron-Chalier de St-Rambert ex-administrateur du département, Frilet de Revonnas ex-officier municipal de la commune de Bourg, Chaigneau ex-notable de la commune de Bourg, les Juvanon père et fils de St Rambert ex-administrateurs au directoire du district de Bourg et au département, Ducret ex-officier municipal de la commune de Bourg, Masse et Torombert de Belley, Crozet de Coligny, Ravet de Bourg, Merle ex-accusateur public de Bâgé, Broccard, Duclos, Martine, Maret Ychard, Gay, Courenq, Rostaing tous de Bourg, Trocu-Malix de St Rambert, Tenant ex-agent national du district de St Rambert, Chevalier, Carrier, Bonnet, Dupont tous de Belley, Charcot de Virieu-le-Grand, Simonnard de Belley, Daudet de Lagnieu et Gallien de Bourg sont sortis de la prison et sont placés dans trois voitures où ils sont entravés au cou par des cordes. Le convoi, gardé par des canonniers, est attaqué une première fois place du Greffe par quarante citoyens de la ville de Bourg pour la plupart d'anciens détenus bien résolus à se venger. Arrivés faubourg du Jura, des hommes de la garde nationale et une douzaine de citoyens de la ville attaquent la première voiture tuant cinq des détenus dont l’ancien maire de Bourg. Cette attaque ouvre le bal de la Terreur Blanche dans la région, avec le meurtre de 9 terroristes jurassiens, le 1er juin et l'assassinat de 96 détenus dans la prison de Lyon, le 3 juin.
Jérôme Croyet
docteur en histoire
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