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l'alcool dans l'Ain du XIXe

Dans l’Europe du XVIIIe siècle trois boissons son consommées : le vin, produit surtout sur le pourtour méditerranéen et grandement consommé au dessus d’une ligne allant de la Loire à la Crimé, la bière, installée hors des domaines de la vigne et l’eau de vie et ses dérivés sur l’Europe entière. A la Révolution, le vin est la boisson par excellence, supplantant la bière, réputée être la boisson du pauvre. Cette engouement s’explique par une chute des prix et l’apparition de vin de basse qualité. L'usage sans modération de la boisson se répand largement dans l’Ain et ce au détriment de la tranquillité publique : "la source d'où dérivent la plupart des désordres, la licence à laquelle se livrent quelques auberges, cabarets et tavernes de cette paroisse en donnant à boire…à des personnes, des jeunes gens des deux sexes…soit à des habitants de la paroisse, soit à des gens éloignés d'une lieue" écrivent les officiers municipaux de Meximieux, le 7 mars 1790. Cette consommation s’accroît avec la fin des privilèges et la liberté du commerce qui entraînent un allongement des horaires d’ouvertures des débits de boisson qui "donnaient du vin à tout heures de la nuit et que cela causait des disputes..; des troubles…et interruption pendant les offices divins, interruptions pendant les assemblées…à cause de l'ivrognerie et sous prétexte de la liberté" dit on au Grand Abergement. Au début de l’Empire, l’administration constate les méfaits de l’alcool sur les populations, tel le préfet Bossi qui remarque que "depuis quelques temps l'espèce paraît un peu dégénérée, principalement dans les pays de vignobles où il n'est pas rare de trouver des hommes contrefaits et pour ainsi dire rabougris". Afin de prévenir les ravages de l’alcoolisme en Savoie, le Préfet interdit l’ouverture de cafés ou d’auberges sans autorisation, le 16 décembre 1802. Même dans l’armée l’usage de l’alcool est très répandu. Pour beaucoup de soldats, voir même d'officiers, l'usage de vin a un effet salutaire sur le moral et leur conscience : "Heureusement que le vin que l'on trouvait parfois, en abondance, savait à nous étourdir sur les peines et les privations de la position actuelle et venait réjouir nos cœurs attristés. On puisait dans cette liqueur bienfaisante et inspiratrice l'oubli des maux passés et l'espérance d'un sort plus favorable. De grands vases et des outres tous pleins étaient apportés dans les bivouacs où l'on roulait aussi des tonneaux entiers : on ne désemparait pas que tout fut vidé. On buvait beaucoup et longtemps, sans qu'il en résultait aucun inconvénient grave" écrit le sergent Jacquet de Virieu le Petit. Mais, l'habitude prenant place, l'usage d'alcool devient nécessaire à la bonne vie du troupier. Le soldat n’est plus seulement un grognard, il devient “de véritable Gargantua ”.

 

Jérôme Croyet

docteur en histoire

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