De tout temps, les troupes en marche et à plus forte raison les pays en état de guerre ont généré une masse anonyme mais active de profiteurs : prostituées, voleurs, profiteurs, accapareurs connus comme l’armée roulante. En 1810, la ville de Bourg fut la scène d’un escroc habile.
Le 10 juillet à Béziers, un jeune officier de chasseurs, disant venir d’Espagne pour se rendre à Toulouse où il craignait de voir son père car il avait été blessé, est chaleureusement accueilli à la table d’officiers de recrutement de l’Ain. Le 19 août, ce jeune officier du 5e chasseurs à cheval arrive à Bourg. Désirant coucher en ville, il obtient un billet de logement. Son uniforme et sa prestance ne soulèvent aucune inquiétude de la part de l’administration municipale, d’autant plus qu’il se présente comme “ le neveu du ministre directeur général de la guerre ”. François Dejean mène alors la grande vie et côtoie la belle société de la ville : il se couvre de dettes, chez différents particuliers et notamment chez les aubergistes et lorsqu’on lui demande de payer il répond “ que son oncle devant passer sous quinzaine dans cette ville, qu’il devait le prendre à son passage ”. Son manège intrigue le capitaine du recrutement de l’Ain, qui informe le commandant de la gendarmerie de l’Ain qui l’envoie chercher, en vain. En effet, se sentant découvert, Dejean fuit à Lons le Saunier, le 28, munit d’un mandat d’indemnité du commissaire des guerres. Arrivé à Lons, il reçoit un nouveau mandat d’indemnité pour se rendre à Strasbourg. Rapidement, le commandant de la gendarmerie de l’Ain, Comoy, demande à son confrère du Jura de le faire arrêter. Mais ce dernier lui apprend, le 31 août, que François Dejean était en route pour le dépôt de son régiment à Clèves. Dès lors, on informe le préfet de l’Ain qui demande, le 17 octobre, un rapport au commissaire de Bourg, qui avoue son impuissance et des renseignements au 5e chasseurs qui lui apprend, le 24 septembre, qu’il est inconnu au régiment.
Jérôme Croyet
docteur en histoire
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