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hygiène et propreté dans l'Ain

“L’hygiène laisse encore beaucoup à désirer au XVIIIe siècle. Lorsque débute la Révolution, les représentants de la bonne société se fardent pour masquer la crasse : les nobles et les grands bourgeois se couvrent le visage de fond de teint blanc à base de céruse et dessinent les pommettes au fard rouge. Afin d’avoir le teint le plus lisse possible, une couche de jaune d’œuf est passée sur la figure, transformant le visage en une toile craquelante néfaste pour la santé. La toilette du visage, et souvent du corps ne se résume qu'à un frottement sans trop d'eau, “ le sage dit, que c'est à l'air du visage qu'on connaît un homme de bon sens…il est de la propreté de se nettoyer tous les matins le visage avec un linge blanc, pour se décrasser. Il est moins bien de se laver avec de l'eau : car cela rend le visage plus susceptible du froid en hiver et du hâle en été ”. Quand au lavage du corps, il ne se résume qu'aux mains : “il est de la bienséance d'avoir & d'entretenir toujours les mains nettes & il est honteux de paroître avec des mains noires et crasseuses…il n'est pas décent, après avoir sali ou lavé ses mains, de les essuyer à ses habits, ou à ceux des autres, ou à une muraille ”. L'eau n'est que très peu employée, elle l'est médicalement sur avis du médecin, "pour dissiper les douleurs que vous ressentez en différentes parties de votre corps, il faudra recourir à la douche et en recevoir l'eau sur les parties qui souffrent le plus". De ces faits, le "trompe couillon", parfum, est très largement utilisé. Marie-Antoinette use de fragrances légères, comme la violette ou la rose, ce qui n'empêche nullement les maladies de se répandre grâce à la crasse ambiante, comme la gale. Les dents, devant être blanches pour ne pas dépareiller avec l’aspect cireux de l’individu, sont blanchies au mercure, laissant au bout de quelques années les dents avariées de la plus charmantes des manières. Dans l’Ain, il faut attendre l’an XII pour que les membres de la Société d'Emulation de l'Ain commencent à s'occuper d'hygiène et encore à l'hygiène militaire liée aux maladies dues à l'absorption de blé carrié.

De même l’hygiène collective est une notion dont on n’a pas conscience. En l’an VIII, dans l’Ain, la plupart des cimetières sont encore dans l’enceinte des villes malgré les réclamations de plusieurs maires. De même, à Paris il faut attendre 1810 pour avoir 8 « lieux secrets ».

 

Jérôme Croyet

docteur en histoire

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