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Bochard : la terreur du Revermont

Durant les premières années du Consulat et de l’Empire, le Revermont est témoin des agissements délictueux d’un voyou local, terrorisant le village de Treffort. Claude Benoît Bochard commence sa carrière de délinquant dès 1800, année où il part comme remplaçant d’un conscrit de Meillonnas, Portier. En effet, non content de déserter, et malgré les poursuites de la gendarmerie, il revient à Treffort et parvient à se faire congédier après s’être volontairement mutilé. Dès lors commence ses forfaits. Il menace régulièrement sa femme de mort ainsi que ses voisins puis, dans l’échelonnement  de ses délits, il tente de tuer son père par deux fois avec un fusil qui par bonheur s’enraye. Mais avec l’affaire du 17 mai 1801, il attire l’attention du préfet et même du ministre de la Justice. Ce jour là, à 10 heures 30 du matin, en pleine rue de Bourg et « en présence de plus de 30 femmes indignées », il commet « le crime de bestialité sur l’ânesse d’un particulier de sa commune ». Stoppé par les femmes, il parvient à s’enfuir. Le préfet, informé, le fait arrêter, mais, dès le 25 juin, son cas pose problème : en effet, le crime de zoophilie n’est pas prévu dans la loi. Il faut donc saisir le ministre de la justice pour qu’il soit jugé et condamné pour atteinte aux bonnes mœurs. Sa peine purgée, Bochard ressort de détention en 1803 et se lie avec une bande de voleur qui « offre à son zèle de grands moyens de s’y faire distinguer ». Le 10 septembre, à 19 heures, il se rend chez son père, le roue de coups de pieds et lui vole de la nourriture, menaçant « d’incendier le hameau de Montmerle, si pour ce fait ou pour d’autres, le maire travaillait à la faire mettre en galère ». Le 13 septembre, à 22 heures, avec un comparse, il attaque et poignarde Philippe Pierron, de Treffort, revenant de Marsonnas et parvient à s’enfuir. Malgré les menaces de Bochard, le maire de Treffort n’hésite pas à le faire arrêter. Entre temps, le père, intimidé, se rend à la prison et après avoir bu avec son rejeton le fait sortir en s’emparant des clefs puis déclare ne plus reconnaître les faits. A Paris, le ministre de la Justice presse le préfet d’agir contre Bochard malgré le revirement paternel : « l’action de la justice …ne doit jamais être suspendu…Dans le cas présent, la sûreté publique exige…que le prévenu soit poursuivi » écrit il au préfet de l’Ain le 14 novembre. De nouveau arrêté, Bochard est détenu provisoirement à Bourg. Toutefois, le manque d’aveux, le retrait de plainte de son père et le manque de témoin lors de l’attaque de Pierron, pousse le commissaire de Bourg écrire, le 23 novembre, au préfet : « je m’imagine que cette procédure ne produira pas grand chose ».

 

Jérôme Croyet

docteur en histoire

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