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la guerre de 1870 - 1871 dans l'Ain : les sédentaires

Alors que les mobiles participent aux combats, dans l’Ain la Garde Nationale Sédentaire s’organise à compter du 15 septembre 1870, dont les sapeurs pompiers de la Garde Nationale qui sont 6 404 avec 5 337 fusils au 1er janvier 1870.

Dans tout le département, la mobilisation est patriotique et énergique. Dès le 2 septembre, la Garde Nationale Sédentaire de Pont-de-Vaux est formée. Le 9 septembre, elle s’organise dans l’arrondissement de Bourg et le 12 septembre, dans la sous préfecture de Nantua. Au 4 septembre, à Pont-de-Vaux, il ne reste plus qu’à nommer le chef de bataillon et le porte-drapeau. Elle compte 300 hommes sans les pompiers. Les officiers et sous-officiers des 2 compagnies ont été pris parmi les anciens militaires.

Très rapidement, le statut des pompiers est désignés. Suite à une demande du maire de Pont d'Ain, par décision du préfet de l'Ain, du 6 septembre 1870, les sapeurs-pompiers ne sont pas compris dans la Garde Nationale Sédentaire et restent un corps indépendant.

Toutefois, là encore, la proclamation de la République sème le trouble entre les gardes et leurs officiers, notamment à Bourg. Le 14 octobre 1870, un différent éclate lors d’une réunion entre sous-officiers et officiers, qui provoque l’expulsion des sous officiers et le 24 octobre, la garde nationale fait une pétition contre Chossat de Montburon, chef de bataillon, qu’elle juge incapable et négligeant, pour obtenir son renvoi.

Face aux défaites, les hommes de la Garde Nationale Sédentaire demandent à être armés afin de participer à la défense du département en cas d’invasion. Ces demandes, de la part des mairies, arrivent continuellement à la préfecture de l'Ain, durant le mois de septembre ; le 10 septembre la mairie de Seyssel demande 80 fusils, le 11 septembre le mairie de Varambon demande 75 fusils, le 15 septembre le maire de St Trivier sur Moignan demande 220 fusils et celui de Boz 129 fusils et 4 sabres d'officiers. Le 19 septembre, c’est au tour du maire de Vanchy de demander un complément à ses 26 fusils pour 108 hommes, attendu que la Garde Nationale Sédentaire “ a été exercée sans armes tout les jours, il serait temps à présent de lui faire apprendre l’exercice d’un fusil ”[1]. A Gex, le maire reçoit de la préfecture de l'Ain, 500 fusils qui se joignent aux fusils des pompiers. Mais cet armement ne suffit qu'à armer 1 homme sur 4. Afin d'armer tous les gardes sédentaires de l'arrondissement, il demande 1 500 fusils à percussion. La préfecture de l'Ain ne peut répondre correctement à toute ces demandes. En effet, sur 55 000 fusils annoncés par le commandant de la division militaire de Lyon, seulement 6 000 sont arrivés à Bourg, qui ont été rapidement "répartis entre les principales villes"[2]. L’annonce de cette arrivée de fusils se répand dans tout le département et ne fait qu’envenimer les choses. En effet, le 8 octobre 1870, le maire de Yon demande des fusils pour sa Garde Nationale Sédentaire sur les 2 000 à percussion et le 5 000 à poudre venant de Bourg.

De plus, l'importance de la qualité de l'armement est primordiale. L'Ain étant un département frontière, les gardes nationaux devaient recevoir des fusils d'infanterie transformés, or les hommes ne reçoivent que des anciens fusils à canons lisses. Or, il s’avère que les Gardes Nationaux Sédentaires perçoivent leurs armes, de moins bonnes qualités, plus vite que les Gardes Nationaux Mobiles qui, comme on l’a vu, s’en emparent, provoquant dans l’arrondissement de Trévoux, en novembre 1870, une vive réaction du sous-préfet, qui intervient par deux fois auprès du préfet, les 25 et 27, pour exiger la redistribution de 131 fusils, qui au demeurant “ ne sont…pas conforme au reste de la Garde Nationale Mobilisée ”[3].

A cet état d'urgence d'armer les gardes nationaux sédentaires, correspond  l'urgence de fabriquer des cartouches. Devant tant de nécessités, le préfet de l'Ain écrit, en septembre 1870, au général commandant la 8e division militaire de Lyon, pour faire parvenir des fusils dans l'Ain et des instructions sur le mode de fabrication des cartouches, ainsi que de la poudre.

En tout l'Ain mobilise 13 bataillons, inégaux en nombre, qui regroupent 8872 hommes armés de 6 260 fusils Springfield et Enfield et 2 612 fusils à percussion à canons rayés.

 

Jérôme Croyet, Docteur en Histoire,

 

cours donné à l’Université Tous Ages, Lyon II. Année universitaire 2003 - 2004

 



[1] Lettre du maire de Vanchy, 19 septembre 1870. A. D. Ain 4R.

[2] Lettre du préfet de l'Ain au commandant militaire de la division militaire de Lyon, septembre 1870. A.D. Ain 4R.

[3] Lettre du sous préfet de Trévoux, 25 novembre 1870. A.D. Ain 4R.

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